L’ABATTAGE DES ARBRES À OUJDA : UNE STRATÉGIE SUICIDAIRE SOUS DE FALLACIEUX PRÉTEXTES

Par Rachid YAHYAOUI, Expert en Environnement et Développement DurableOUJDA, [31 aout 2025

Certaines atteintes à . l’environnement sont des blessures

qui ne saignent pas, mais qui condamnent un territoire et ses habitants à une lente asphyxie. À Oujda, chaque arbre qui tombe sous le coup des tronçonneuses, souvent mandatées par la municipalité elle-même, est une de ces blessures. Une cicatrice ouverte sur le corps de la ville, qui sape son avenir et hypothèque celui des générations futures.Sous le fallacieux prétexte de « modernisation », d’« élargissement des routes » ou de « nouveaux projets », nous assistons, impuissants et indignés, à une véritable hécatombe silencieuse. Ce qui est présenté comme un progrès n’est rien d’autre qu’une régression environnementale et sociale d’une gravité extrême. La verdure, ce poumon vital, est sacrifiée sur l’autel d’un développement urbain mal conçu, court-termiste et profondément irrespectueux de l’équilibre écologique.Les arbres : bien plus qu’un simple décorIl est urgent de rappeler ce que certains décideurs semblent ignorer superbement. Un arbre n’est pas un simple objet décoratif que l’on déplace ou que l’on supprime selon son bon vouloir. Il est un infrastructure naturelle indispensable :· Il est un climatiseur naturel : En cette période de réchauffement climatique, les arbres offrent une ombre précieuse et rafraîchissent l’air par évapotranspiration. Les abattre, c’est accentuer les terribles îlots de chaleur urbains dont souffrent déjà les Ouijdis.· Il est un purificateur d’air : Ses feuilles captent les poussières et les polluants émis par les véhicules. Les faire disparaître, c’est condamner les citoyens à respirer un air de plus en plus vicié.· Il est un rempart contre la désertification : Ce point est crucial pour Oujda. La ville, dont le climat devient de plus en plus aride, se trouve en première ligne face à l’avancée du désert. Chaque arbre abattu est une brèche ouverte dans nos défenses naturelles. Leurs racines stabilisent les sols, luttent contre l’érosion et maintiennent l’humidité.Le drame de la forêt de Sidi Maafa : un avant-goût du désastreLe cas le plus criant, le plus symbolique de cette négligence criminelle, est celui de la forêt de Sidi Maafa. Ce patrimoine forestier, jadis lieu de vie et de respiration, est aujourd’hui un champ de mort silencieuse. La majorité des arbres sont morts, laissant place à un paysage lugubre et stérile.Cette tragédie n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’un manque criant d’entretien, de protection et de volonté politique. Laisser mourir Sidi Maafa, c’est envoyer un message terrifiant : Oujda accepte son sort désertique. C’est une invitation ouverte au désert à envahir nos portes, à modifier durablement et dramatiquement notre microclimat pour le pire.Un appel à la raison et à l’actionEn ma qualité d’expert en environnement, je lance un appel solennel aux autorités municipales et régionales :1. Moratoire immédiat : Un arrêt total et immédiat de l’abattage des arbres dans le périmètre urbain, sauf pour des raisons de sécurité parfaitement motivées et expertisées indépendamment.2. Transparence et consultation : La mise en place d’une commission indépendante associant des experts environnementaux et des représentants de la société civile pour examiner tout projet d’aménagement ayant un impact sur le patrimoine vert.3. Plan d’urgence de reboisement : Lancer un vaste programme « Un arbre pour Oujda » priorisant les essences locales, résistantes à la sécheresse, et exiger la replantation systématique de tout arbre abattu, dans un ratio de 1 pour 10 au minimum.4. Sauver Sidi Maafa : Dédier des fonds et une expertise urgente pour la réhabilitation de la forêt de Sidi Maafa. Son sort est indissociable de celui de la ville.Il ne s’agit plus d’esthétique ou de sensibilité écologiste. Il s’agit de la santé publique, de la qualité de vie et de la résilience même de notre ville face au changement climatique. Continuer sur cette voie, c’est sciemment préparer un avenir invivable pour nos enfants.La municipalité a le devoir de protéger ses citoyens et leur cadre de vie, pas de participer à sa dégradation. Il est temps de choisir : voulons-nous une Oujda bétonnée, étouffante et poussiéreuse, ou une Oujda verte, respirable et fière de son patrimoine naturel ? Le compte à rebours est déjà bien entamé.

Rachid YAHYAOUI Expert en Environnement

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